03 octobre 2006

Jean-François Kahn, Maurice G. Dantec et l'insulte (au singulier)

Jean-François Kahn (J.F.K) invective, éructe, hurle, et le mot tombe, tranchant comme la hache du bourreau sur le cou d’Erich Mühsam... Mais cette fois les rôles sont inversés : « Vous êtes un fasciste ! » assène Jean-François Kahn à l’écrivain Maurice G. Dantec (M.G.D). La scène se passe à la télévision (F.O.G), et M.G.D particulièrement zen, se retient d’une castagne en règle sur la grosse tête du maître de Marianne.

Je me suis penché sur l’histoire de cette insulte infâmante, sachant que les racailles abusent de « l’enculé de ta mère » et autres « NiqueTaMère » alors que les élites des hauts quartiers lui préfèrent ce « fasciste ! » un tantinet plus cultivé, croient-ils... Force me fût de reconnaître que cette insulte était effectivement née à Saint Germain de Prés. Elle y apparaît avec force dès 1968 et le premier à en faire les frais est le Général de Gaulle, et ce, malgré une réelle activité antifasciste du Grand Charles dès 1940. Ceci équivalait à traiter le Pape de Mahométan... Mais la logique n’entre pas en compte dans l’art de l’insulte germano-pratine. Soit dit en passant, le pape(s), quelque soit son numéro de série, n’échappa en rien à l’infâmante classification... Ainsi, depuis les événements de Mai, les 68-tards utilisèrent le qualificatif de « Fasciste ! » envers un nombre incroyable de gens, dont beaucoup d’anciens résistants, ce qui en chagrina beaucoup... La liste de cette cinquième colonne est exhaustive, rappelons seulement qu’en 1980, Hugo Pratt fut traité de « fasciste » dans un petit opuscule, et que l’écrivain Jean-Edern Hallier utilisa abusivement cette insulte contre ses nombreux ennemis, avant d’être lui-même traité de fasciste à l’époque de « l’Idiot International ». Reconnaissons que cette insulte, malgré son petit côté, « je sais de quoi je parle », ne fait référence à aucune tradition historique. Ainsi, les étudiants de 1968, étaient sans doute incapables de savoir que le parti fasciste de Mussolini avait été fondé en 1919. Il est évident, que ni le Général ni M.G.D ne purent faire parti de ces véhémentes chemises noires défilant avec des fez dans Rome ! Il faut aussi rappeler qu’un homme seul peut difficilement être taxé de « fasciste ! » car étymologiquement le mot « faisceaux » (fascii) renvoi à la multiplicité... Si M.G.D avait été cloné ( ce qui serait affreux !) on pourrait éventuellement le traiter de « Bande de fascistes ! ». L’insulte « Fasciste ! » au singulier, n’a donc strictement aucun sens, seul le pluriel est envisageable... Le « fasciste » de J.F.K, s’inscrit donc dans une tradition 68-tarde affirmée qui définit la recomposition du monde en 1968, sa catharsis morale, sociale et politique. Tout ce qui s’éloigne de la ligne de mai, tout ce qui prétend aller chercher quelque chose au delà du mur, peut être traité de « fasciste » au singulier... L’univers de Tarkovski et de Philip K. Dick n’est pas loin... M.G.D a effectivement franchit les limes, tant vers le passé que vers le futur. Crime impardonnable contre le Statu Quo de la fin de l’histoire dont 1968 est le point de départ et sa propre limite. JFK, et c’est son rôle, est le porte parole et le chien de garde de cette utopie fanée et figée dans sa propre glaciation. Dire, comme les punks en leur temps, ou comme M.G.D aujourd’hui, que des héros oubliés, ressurgissent, s’imposent et font vaciller les nouveaux héros, au travers des cris, des écrits et des oeuvres ; le dire donc, est une attaque intolérable envers le mythe de 1968. On peut dire beaucoup de choses sur Dantec, que c’est un punk, un cyberpunk, un pro bosniaque, un anarchiste de droite, un libertarien, un catholique anticlérical à la Léon Bloy, un kabbaliste chrétien, un sioniste, un OTANiste, un onaniste, un junkie et j’en passe et des meilleurs... Mais l’insulte de JFK n’éclaire que JFK lui même, c’est-à-dire le maître de Marianne, et le chef de bande... Non, je ne le dis pas, je refuse de tomber dans les travers de l’Australien, celui qui vous revient dans la gueule... Moi, je préfère le NTM des racailles.

5 commentaires:

Anonyme a dit…

vous n'auriez pas de la famille Gluonne par hasard?
68tard un jour, en retard tourjours

Anonyme a dit…

c est un peu comme "manger un panini", c est faux, tu manges DES panini ou UN panino.

Par ailleurs, le Lampredetto, panino aux tripes florentines, est d'autant plus delicieux qu'il n 'est disponible qu'exclusivement dans le centre de Florence. Il constitut un fait gastronomique si important qu'il est a lui seul une invitation a visiter Florence.

(http://www.lampredotto.com)

il s agit ici d'etoffer le debat nanochevien et d'accompagner la revolution nanochevik dans la creation d'un indispensable front gastronomique afin d eviter la derive vers une constitution type république bananière (haha)

Anonyme a dit…

sans oublier le chapitre - Marinetti ou la porexcité - (il est juste apres -Nietzsche ou les saucisses de l'antechrist- et avant -Sartre ou la vengeance du crustacé- ) dans "le ventre des philosophes" de M.Onfray

Anonyme a dit…

Le lampredetto, ou Panino aux tripes, est définitivement un plat nanochévien- ( avec les tripes à la mode de Porto- qu'il faut manger tiède, car froid c'est dégueulasse, et chaud, infect...) L'idée de lancer un front gastronomique est un idée adoptée à l'unanimité subjective. Quand à Marinetti et la porexité ( ou est le dico ?) sa cuisine futuriste fut un fiasco, relançons le débat autour d'un gigot saignant à la Gluon : Prenez un Gigot faite dorer quelques minutes,puis mettez le dans un sac en toile avec une bonne poignée de fouin, fermez, et jetez le tout dans de l'eau bouillante pendant 10 minutes. Lorsque que vous découperez la bête, le sang chaud doit gicler sous la lame du couteau. On l'appelle aussi un Gigot a la 68-tarde... délicieux.

bibi a dit…

Et alors Mussolini ? On n'a pas le droit de le qualifier de "fasciste" ?

Un comble !