23 novembre 2006

Colin Wilson, Gusto Gräser et l'organisation " The Bridge"

1955- Das Brieflein Wunderbar entsteht. - Colin Wilson, Gräser-Schüler der zweiten Generation, veröffentlicht sein 'Outsider'-Buch, das zum Anstoß für die Hesse-Renaissance in den angelsächsischen Ländern wird.

Cet extrait du livre de Hermann Müller « Der Ditcher und Sein Guru »Le poète et son Guru » (Wetzlar 1978) donne une information que l’on ne retrouve nulle part dans les éléments biographiques sur l’écrivain Colin Wilson : c’est à dire sa rencontre avec Gusto Gräser, et sa qualité de « disciple » de la seconde génération avant la publication de son livre « The Outsider ( l’Homme en Dehors) en 1956.

Nous savons cependant qu’en 1950, le jeune Colin Wilson s’intéresse aux philosophies orientales et pratique la méditation et qu’en été 1950, il se rend en France et se lie d’amitié avec Raymond Duncan.

Or, Raymond Duncan (1874-1966) était un personnage énigmatique. Millionnaire américain né à San Francisco. Frère de la danseuse Isadora Duncan. Il était peintre, acteur, sculpteur, artisan, poète et galeriste. Amoureux de la Grèce antique, ll avait établi une colonie “grecque” à Berlin en 1908, puis une autre à Athènes. Il exposa ses oeuvres au Salon des Artistes Indépendants à Paris ou il vivait depuis de longues années après avoir quitté Londres. Il y fut surtout connu comme décorateur. Il avait créé à Paris, rue de Seine, l’Akademia Duncan, un atelier artistique de tissage et de broderies ou il y donnait des conférences sur la manière de revenir aux sources de l’hellénisme à l’époque moderne. Il se promenait vêtu d’une toge romaine dans les rues parisiennes.


Dans le livre de l’universitaire américain Martin Green “ Mountain of Truth” (1986) Nous apprenons que Gusto Gräser, dès 1900, se rend à Paris pour rencontrer Raymond Duncan. ( src; Martin Green pages 56 et 130).

La connection entre Gräser et Duncan est donc établie de manière formelle.

Colin Wilson ne restera que quelques semaines a l’Akademia avant de partir à bicyclette vers “l’Est”... Il rentrera six mois plus tard...

Il est vraisemblable qu’il se rend à Munich car Colin Wilson était membre d’une organisation anarchiste appelée “The Bridge” (Le Pont) dirigée par “Alfred Reynolds” et ayant la particularité d’être composée d’ex prisonniers de guerre nazis.

Il faut rappeler que Colin Wilson était membre d’un groupe de jeunes auteurs rebelles existentialistes appelés les Angry Young Men ( jeunes hommes en colère) et que la philosophie de l’actionnisme formulée par Raymond Duncan, conduisait inévitablement à s’impliquer dans des mouvements anarcho-révolutionnaires de l’époque.

Mes recherches m’ont données quelques informations sur The Bridge. Ainsi , Antoni Diller, dans un article du 29 September 2003 : Holroyd in London, raconte comment Reynolds recrutait des jeunes hommes dans les pubs londoniens, et l’amitié qui lia l’écrivain de 19 ans Stuart Holroyd avec le chef de « The Bridge ».

« This Hungarianemigre, whose name was Afred Reynolds was a civil servant, but during the Second World War he had served as an officer in the British army. His job was to break the hold of Nazi ideology on the minds of captured German soldiers. He was extremely successful at this, using a Socratic rather than a didactic method, and after the war he maintained contact withseveral of the Germans who had been liberated from fascism under his guidance. These people formed the nucleus of an informal movement called The Bridge »

Il s’agissait donc d’une organisation anarchiste dont l’objectif était de dénazifier d’anciens nazis par une méthode « socratique » pour en faire des hommes nouveaux...

D’une certaine manière, on peut aujourd’hui considérer l’organisation de Reynolds comme une « filière d’évasion morale »...(nous ne savons pas si l'évasion "physique était envisagée ?) Le projet peut donc paraître totalement absurde et « immoral » mais nous devons admettre que cette expérience à effectivement été entreprise dans les années 1950.

Martin Green donne très peu d’informations et de détails sur la fin de vie de Gräser, il existe cependant de nombreuses photographies dont une ou l’on aperçoit une jeune femme à côté de lui. Le fait que Gräser ait été photographié jusqu’à un age avancé, et que les photos aient été conservées puis classées, montre qu’une organisation... et peut être « The Bridge » s’est effectivement occupée du vieux philosophe. (le mythe d'un Gräser mort seul et abandonné ne tient plus ...)

L’idée même d’une organisation anarchiste secrète et « socratique » de dénazification ne pouvait que plaire a un homme comme Gräser qui avait accompagné tous les mouvements anarchistes de reforme de la vie ( lebensreform) depuis 1900. Pour des ex-nazis, un tel personnage était de toute façon une légende vivante du mouvement wanderwogel et l’organisation de Reynolds avait besoin d’un homme comme Gräser qui n’avait jamais abdiqué devant le régime hitlérien.

Quand les nazis prirent le pouvoir, Gusto Gräser entra dans la clandestinité, ainsi entre 1935 et 1940, il vécu apparemment à Berlin dans une maison flottante. Pendant toute cette période, il y a bien un mystère Gräser, même les efforts à long terme de Hermann, Müller n’ont pas réussi à découvrir l’activité de Gräser de 1935 à 1945. Dix années de clandestinité sans papiers officiels, puisqu’il était “hongrois”, vagabond, interdit d’écrire, vraisemblablement recherché, il était presque impossible pour un homme seul de survivre dix ans dans l’Allemagne nazie sans bénéficier d’un réseau de soutien. Quelques éléments dévoilés par Martin Green nous montrent que le réseau Gräser s’étendait de Berlin à Leipzig jusqu’à Halle et Munich.

Deux éléments viennent recouper mes hypothèses : Colin Wilson était bien membre de The Bridge et il a rencontré Gräser en tant que « disciple ».

Le témoignage de Hermann Müller sur le cercle de jeunes hommes et de femmes qui s’était formé autour du vieux vagabond au début des années 1950 est fondamental, puisque Müller faisait parti de ce cercle et qu’il est donc un témoin direct, et c’est Müller lui même qui dévoile l’appartenance de Colin Wilson au cercle de Gräser.

Nous savons aussi, qu’à la parution du livre de Colin Wilson, « The Outsider » en 1956, celui ci est exclu du mouvement de Reynolds. La raison en reste obscure mais doit certainement être liée aux enseignements de l’organisation The Bridge, récupérés sous forme de philosophie existentialiste par le jeune écrivain.

Les conclusions de cette histoire secrète et ses implications sont nombreuses et on peut d’ailleurs légitimement se poser la question de savoir si ce ne sont pas finalement les nazis repentis de » The Bridge » qui ont formé l’ossature du mouvement vert allemand... La question reste ouverte. .. Quoiqu’il en soi, une photo prise en 1978 montre un groupe de plusieurs centaines d’écologistes, exécutant une danse de groupe autour de l’arbre de Gräser à Ascona dans le Tessin...

5 commentaires:

Anonyme a dit…

les verts allemands tombent un peu comme un cheveu sur la soupe. un petit rappel dans les commentaires?

Tristan Ranx a dit…

En fait, juste une photo... qui arrive...

Je n'ai pas eu le temps d'expliquer que l'écologie allemande se réclame en partie du "Lebensreform" et donc de Gräser...

Quand a l'organisation "the bridge", par l'intermédiaire de Duncan et Graser, elle était une émanation survivante du "Lebensreform".
Alfred Reynolds était un "hongrois" comme Gräser.

Mais la question reste ouverte.

Anonyme a dit…

ça me fait penser au fameux "Groupe" dans le film de Spielberg "Munich". Il parait que cette organisation a effectivement existé... Il y a même une référence à la seconde guerre mondiale dans le film. s'agit-il de la même organisation ?

Tristan Ranx a dit…

Si ce n'est que dans dans le film "le Groupe" à des contacts dans les millieux d'extrème gauche berlinois , les motivations semblent bien éloignées... La grosse différence c'est qu'il y a quelques témoignages sur l'existence de "the Bridge", "le Groupe" par contre...

Anonyme a dit…

dans le genre groupe vendettiste

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