11 novembre 2008

J'ai bien connu le consul.















(Texte lu au Cercle Pan - Soirée hommage à Malcolm Lowry)


Toute sa vie le Consul a cherché quelques chose qu'il ne trouva jamais. Et pourquoi ne trouva t-il jamais ? Parce qu'il n'en connaissait pas le nom, il l'avait peut être oublié ou rêvé ? Mais le Consul n'était pas homme a abandonner. Il s'arrêtait le long de la via dolorosa, cherchant la femme qu'il aimait et qu'il ne trouva jamais ... Alors il buvait un verre, et continuait le long de cette épouvantable artère longue comme le temps. Et vous vous dîtes, mais que cherchait-t-il en fin de compte, l'amour la mort ? Quelle terrible destiné, quelle souffrance, pourquoi ne pas s'arrêter, prendre un verre de strychnine de trop ? Si vous aviez entendu le rire du Consul, vous comprendriez qu'il n'était pas du genre à pousser des cris de pleureuse. Oh non ! Le Consul c'était un verre et on repart. Le consul c'était un trou boueux, et au suivant, comme à Verdun. Certains voient la vie du Consul comme une tragédie d'alcoolique, de fêtard et de libertin avec la mort au bout comme punition. Mais le Consul croyez moi, et je l'ai bien connu, le Consul savait égayer la morne vie des cantinas du Mexique. Il était capable de vous transformer le moindre rade en palais des mille et une nuit. Les pires égorgeurs et desperados des territoires du nord venaient lui boire dans la main. La voie du Consul était celle de l'incertitude... C'est comme si vous montiez vers le sommet d'une montagne petit à petit étouffé par le manque d'oxygène. Un homme normal redescendrait, mais le Consul, lui, avance, parce qu'il sait que tant qu'il avance, il est libre. Alors il boit, à chaque pas, mais il ne s'arrête pas... S'arrêter c'est vivre certainement, mais c'est aussi redescendre, mourir dans la vie, redevenir l'homme du juste milieu, et regarder le temps qu'il vous reste à vivre en pensant a cette demi bouteille vide qui deviendra votre horizon.

Je peux vous affirmer que la question du suicide n'avait aucun sens pour lui, ce qu'il voulait c'était arriver à l'extrême limite de ses sens et de ses possibilités, cela n'a rien avoir avec le suicide, c'est même le contraire... Oui, je sais, les contraires se rejoignent, c'est vrai...

Mais ce qu'il faut d'audace et de joie pour marcher au bord du précipice, ce qu'il faut de temps, de courage et de patience pour arriver jusqu'au dernier barreau de l'échelle, et atteindre ce ravin aux ordures ! Ce canyon aux Loups où il est mort. Ce ravin, vous pouvez aussi le voir comme une image inversée, comme un paysage kabbalistique qui prend une autre forme ; celle des Métamorphoses d'Apulée, et ces quelques vers « Laisse nous nous abimer en riant, /En riant disparaître». C'était la voie du Consul.

Au dessous du volcan est un livre optimiste, car on peut le lire à l'envers, de la mort à l'amour, comme un serpent qui se mort la queue. 

Le secret de ce livre, c'est que la fiction à cessée d'exister au moment même où la la réalité cessait d'exister dans la fiction. 

Buvez du Mezcal, et vous comprendrez ce que je veux dire...

Au Consul !