29 mars 2007
Photos 10 ans de Colette à la Scala
23 mars 2007
Vendôme, Techniboat et Colette
La galerie du 22 place Vendôme a un petit côté loft berlinois chic. On passe rapide devant les photos Indiana Jones de Chayan K. Paysages à la Lost et inspirés par les « 9 inconnus » de Talbot Mundi ou les mines du roi Salomon revues par Photoshop. Le genre à s’arracher dans les boites de nuits de Singapour. Les tableaux de Neila Serano ont un petit côté Egon Schiele revival, avec une pointe acérée et des poses lascives et des petits commentaires poilants. Le champagne est bon et la compagnie variée. Un vieil écrivain vénézuélien me propose même de venir chez lui boire du champagne avenue Foch. Je décline aimablement l’invitation... C’est fou l’hospitalité des cocktails mondains ?
Rien de tel qu’une petite croisière sur la Seine. Le Techniboat nous attend quai Henri IV. Un grand yacht éclairé comme un sapin de noël rose et bleu. Ambiance foire du trône avec ses fontaines de chocolat fondant, ses barbes à papa, ses gaufres et autres glaces et bonbons à l’ancienne. Ah ! Ces lèvres goulues qui se tendent et ces doigts pourléchés, sans oublier le glissement huileux et noir du cacao sur un rouge à lèvre carmin. Et vogue le navire dans les frimas dignes d’un fiord norvégien. Le Capitaine est un vieux loup de mer et il pousse l’expédition jusqu’à Meudon, sans doute inconscient de la cargaison de pochtrons et de pochtronnes qu’il transporte en sus des passagers clandestins. Patrick Eudeline fait parti du lot, lui qui s’arrache la glotte dans un rock n roll déchainé en fond de cale. Sommes-nous dans le golfe des peines. Déjà beurrés, déjà verts à force de laper de l’alcool de genièvre, et de tournoyer de babord à tribord et d’avant en arrière à la recherche de Moby Dick. La Seine est une clepsydre... Oh Temps suspend ton vol ! Le capitaine Achab s’écroule devant nous après avoir envoyé un « mordeur » au tapis : L’homme s’envole comme une mouette et contrôle à la perfection son coefficient de pénétration dans l’air. Il semble posséder un gyroscope dans le bras droit, celui qui tient le verre à gnôle. Il retombe en déposant ses vertèbres une à une sur la moquette. Le verre reste à la verticale, pas une goutte ne manque, du grand art. Mais comme l’homme est poilu comme un loup garou et qu’il veut nous mordre nous nous dispersons dans la nature. Nous tombons sur la compagnie du bon goût alors que nous avons une haleine de bouc écossais. Une grosse Ferrari rouge nous attend sur le quai mais ce n’est malheureusement pas pour nous.
Colette a 10 ans mais "émancipée comme une salope de 21 ans" ( voir commentaire...), et telle une midinette elle va à la Scala. C’est un peu comme revenir sur le lieu de ses premières érections que de pénétrer cette grosse boite à meufs ! ça coince aux entournures mais à force de pousser dans la bonne direction comme une phalange d’hoplites, ça passe. On accumule les verres comme des mules, prévoyants Touaregs que nous sommes et la tribu s’éclate en mille morceaux. Je trinque avec Franck Knight et je croise Xavier de Moulin qui se fraie un passage avec son brise glace numérique- « J’ai perdu les stop talking, lui dis-je, je crois bien qu’ils ont arrêté de parler cette nuit ! Le flash lumineux de la caméra m’éblouit – « Moi aussi ! me répond l’homme à la caméra de Paris Dernière. ça c'est du réalisme soviétique ! Après les choses deviennent moins clair, c’est l’errance un verre à la main dans de multiples univers sonores : la boite à rap, le dance floor techno, le coin gay, les escaliers, bar VIP et la boite Rock n roll ou les stop talking retrouvés roulent leur bosse. On se dit que tout ça ne sert plus à rien, et on se gerbe, cul sec, dans les rues mornes d’un Paris matinal ou pas un chat ne bronche.
17 mars 2007
La pyscho-analyse révolutionnaire du Docteur Gross
En proie à une dépendance à la drogue, le Docteur Gross mourru d'une overdose en 1920.
06 mars 2007
Francesco Barraca et Guido Keller
03 mars 2007
Le ténia des lazes est de retour !
Cette photo résume toute l’horreur de notre époque. L’homme est en pleine page d’un numéro du Figaro Magazine. Le paysage est celui d’un désert californien. Un sentiment d’obscénité m’étreint. Cette photo me dégoute, je veux détourner la tête, mais il est trop tard. L’homme est vêtu d’une combinaison blanche immaculée de peintre en bâtiment, il écarte les jambes, les pieds chaussés de Rangers militaires, poussant son bassin vers l’avant afin que le spectateur pose son regard vers sa braguette à la boursoufflure évidente. Il a les bras sur les hanches dans la position du dominant qui vous toise avec le mépris du surhomme. Je repense alors au poème de Paul Celan dont la lecture me tire encore les larmes. « Lait noir de l’aube, nous te buvons... ». Face à cette image du « maitre » hier comme aujourd’hui ... Les lunettes noires énormes, la chevelure blonde longue et frisée vient ajouter un mauvais goût kitch à cette vision d’horreur. La combinaison est ouverte sur un torse bronzé et puissant acquis sur des machines à fonte. L’homme revient 30 ans après. Ce n’est ni un Papillon ni un communard exilé à l’île du diable. Non « ce maître venu d’Amérique » est un petit chanteur de variété. Un faiseur patenté des années 1970. Il ne revient pas avec la hargne et le désespoir d’un Dreyfus, d’un Bakounine ou d’une Louise Michel. Il revient avec la morgue d’un nouveau riche faisant construire une hacienda mexicaine dans son village du Morbihan. « Je suis légion » dit-il, car « je suis partout ». Vous le verrez dans des clips publicitaires arborant un marcel, des biceps ostensibles et un énorme téléphone phallique. Vous lirez ces dépêches pré mâchées dans tous les quotidiens et journaux. Les ondes radiophoniques passant de l’anneau de Moebius à celui de Goebbels, chanteront le messie de la variété. Des journalistes crieront au génie, au retour de l’enfant prodigue. Les Femmes s’arracheront les ovaires sur son passage, les hommes s’émasculeront en l’honneur du demi-dieu. Il revient, et il veut de la chair, du sang et de l’argent. Il veut les royalties des 30 ans d’impatience, des 30 ans de mépris envers ces hommes et ces femmes. Il veut le fruit du malheur, prendre sa part des trente piteuses. Vous n’échapperez pas à son emprise, les étals des librairies arborent déjà des dizaines de livres à sa gloire. Vous achèterez le disque. Vous verrez le film. Un ventre énorme vous digère mais le ver solitaire, le ténia des lazes, veut sa ration de sang, de hype et d’honneurs. « Lait noir de l’aube, nous te buvons... ».