06 juin 2007

Pirates de Fiume























Carte postale de 1920 avec le jolly Rogers, l'étendard pirate à la tête de mort flottant derrière le poète soldat Gabriele D'Annunzio. Cette image est extraordinaire puisqu'elle montre que les idées d'Hakim Bey sur les communautés pirates, étaient une réalité matérielle et conceptuelle préexistant à l'invention de la TAZ par Hakim Bey.

Extrait de TAZ (le texte ci dessous comporte certaines erreurs, mais c'est cependant une bonne introduction au fiumanisme flibustier:

"Des expériences de l'entre-deux-guerres, je retiendrais plutôt la folle République de Fiume, beaucoup moins connue et qui n'était pas conçue pour durer.
Gabriele D'Annunzio, poète Décadent, artiste, musicien, esthète, coureur de jupons, pionnier casse-cou de l'aéronautique, sorcier, génie et goujat, émergea de la Première Guerre Mondiale en héros, avec une petite armée à ses ordres: les «Arditi». En manque d'aventure, il décida de prendre la ville de Fiume à la Yougoslavie et de la donner à l'Italie. Après une cérémonie nécrophage au cimetière de Venise en compagnie de sa maîtresse, il partit conquérir Fiume et y parvint sans difficulté particulière. Mais l'Italie refusa son offre généreuse, et le Premier Ministre le traita de fou.
Vexé, D'Annunzio décida de déclarer l'indépendance et de voir combien de temps il pouvait tenir. Avec un ami anarchiste, il rédigea la Constitution, qui instaurait la musique comme principe central de l'État. La Marine (constituée de déserteurs et de marins unionistes anarchistes milanais) prit le nom d'Uscochi, d'après le nom des pirates disparus qui vécurent sur des îles au large de la côte locale et dépouillèrent les navires vénitiens et ottomans. Les Uscochi modernes réussirent quelques coups fumants: de riches navires marchands italiens offrirent soudain un avenir à la République: de l'argent dans les coffres! Artistes, bohémiens, aventuriers, anarchistes (D'Annunzio correspondait avec Malatesta), fugitifs et réfugiés apatrides, homosexuels, dandys militaires (l'uniforme - plus tard récupéré par les SS - était noir, orné du crâne et des os croisés pirates), et réformateurs excentriques de toute tendance (y compris Bouddhistes, théosophistes et Védantistes) arrivèrent en foule à Fiume. La fête ne s'arrêtait jamais. Chaque matin d'Annunzio lisait des poèmes et des manifestes depuis son balcon; chaque soir avait lieu un concert, puis des feux d'artifice. C'était toute l'activité du gouvernement. Dix huit mois plus tard, quand le vin et l'argent vinrent à manquer et que la flotte italienne se montra enfin et balança quelques obus sur le Palais Municipal, personne n'eut l'énergie de résister.
D'Annunzio, comme bon nombre d'anarchistes italiens, vira ensuite au fascisme - en fait Mussolini (l'ex-syndicaliste) séduisit lui-même le poète. Quand D'Annunzio comprit son erreur, il était trop tard. Alors qu'il était déjà vieux et malade, le Duce le fit assassiner - jeter de son balcon - et en fit un «martyr». Bien que Fiume n'ait pas le sérieux de l'Ukraine libre ou de Barcelone, elle nous en apprend probablement plus sur certains aspects de notre recherche. C'était, d'une certaine manière, la dernière des utopies pirates (ou le seul exemple moderne) - et peut-être même la toute première TAZ moderne."


PS: Merci à Saint Havel et Saint Netchaïev pour le retour de mes photos.

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