«Books ? Why books ? I don’t like books ! »* (Le Prince Al-Walid Ben Talal). Méditons sur cette phrase qui mérite d’être gravé dans le marbre de la singapourrisation et du talibanisme de l’esprit de la glorieuse mondialisation. Il reste Harry Potter quand même, dirons certains... « Méfiez vous des hommes qui ne lisent qu’un seul livre ! » affirmait cependant le Capitan Alatriste, car ceux qui n’aiment pas « les livres », n’en aiment souvent qu’un « seul » avec quelques petites notices pratiques en sus, du genre « petit manuel de l’inquisiteur.
« On ne touche jamais au chapeau d’un homme ! » et dans mon sombrero j’ai quelques Remington, une winchester, et quelques livres à lire à l’ombre d’un saloon d’Abilène. Direction le Trésor de la Sierra Madre avec « A la recherche de B. Traven » de Jonah Raskin ( Editions Les fondeurs de briques), une biographie sous forme de quête qui se transforme en identification conduisant l’auteur au bord de la folie. A ceux qui ne connaissent pas B.Traven, le mystérieux écrivain spartakiste, lisez sans plus tarder « le vaisseau des morts "et le Trésor de la Sierra Madre, sans faire l’impasse sur le magnifique film de John Huston avec Humphrey Bogart
Trouvé un petit essai de Robert Louis Stevenson sur la mort : « Aes Triplex » aux belles Editions Sillage ( 5 euros)- « la mort surpasse tous les accidents de la vie parce qu’elle en est le dernier ». Cela nous fait rebondir vers notre ami Sergio Leone – le samouraï anarchiste- dont les films sont inspirés par « La Technique d’Ohgai » de Hasuda Ohgai Oöhô « Voir l’art dans la mort au combat, comprendre que la mort au combat est un poème »... Qui dit que la poésie et le cinéma sont sans dangers ?
Toujours aux Edition Sillage, El Buscon, la vie de l’aventurier Don Pablos de Ségovie, de Francisco de Quevedo, traduit par notre vénéré Rétif de la Bretonne. Francisco Gómez de Quevedo y Villegas (1580-1645), était un écrivain satiriste et poète espagnol ; et représentant d’un style littéraire baroque appelé «conceptisme», une forme de d’art littéraire ancrée dans l’action, l’équivalent lettriste des bottes d’escrime et des duels sanglants, langue de serpent et dague à la main. El Buscon est le chef d’oeuvre du roman picaresque, avec son héros désinvolte, valet, étudiant, voleur, mendiant, soudard. Un héros comme on les aime qui ne réfléchit jamais aux conséquences de ses actions. Il fonce, suicidaire, inconscient, fanfaron, ne choisissant jamais le droit chemin, mais les voies détournées, les errances désordonnées des soulards et autres fiestards dans les rues de Pampelune. Dans le genre de coupe jarret du XVII e siècle, les mémoires du Capitan Alonso de Contreras sont aussi un régal :
« (...) nous allions de cabarets en cabarets et de maison en maison. Un soir nous étions à festoyer dans une auberge selon notre coutume. Au cours de la godaille, un de mes compagnons ( car nous étions trois) s’écria « Apporte ici de quoi manger, bougre ! – Tu en as menti par la gorge ! » Répondit l’hôte. Là dessus mon compagnon tire une dague et le frappe de façon que l’autre ne se leva plus. Tous les gens du logis de nous courir sus avec des broches et d’autres armes, et il nous fut là bien grand besoin de savoir nous défendre. »
J’ai connu, ma foi, les frères Bukovski, une horde de quatre forbans à l’allure picaresque, qui écumaient les rues de Pampelune comme des Don quichotte en goguette...
Je termine cette sélection de pistolero avec le Surmâle d’Alfred Jarry qui commence par cette phrase extraordinaire :
« L’amour est un acte sans importance, puisqu’on peut le faire indéfiniment »
A méditer en regardant les filles qui marchent et s’éloignent sur la plage.
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* « Des livres ? Pourquoi des livres ? Je n’aime pas les livres ? »
5 commentaires:
des filles qui s'éloignent... et reviennent, indéfiniment, comme des bracelets de force. lorsqu'on a arpenté le même pavé qu'Universal, on n'est plus un Papa triste, mais un Capitaine de godaille.
Fulgur Chinaski
hum... Godaille, godailler, semble vouloir dire " faire des faux plis à une jupe". Au sens populaire, tel qu'il était utilisé à la Renaissance, celà veut dire " trousser les jupes des filles"... "faire godaille". Encore un mot qui ne va pas arranger ma réputation....
Par Odin! c'est du wisigoth... ou presque.
GODAILLE, subst. fém.
Pop. Débauche de table et de boisson. Ne craignez-vous pas qu'elle [la fête] dégénère, comme les autres, en réjouissances publiques, en godailles et en truandailles? (BARRÈS, Cahiers, t. 12, 1919, p. 164).
REM. Godaillerie, subst. fém., synon. de godaille. Il [Brillat-Savarin] ne parlait que de godailleries et moi je parle de ce qu'il y a de plus sérieux en France (BALZAC, Corresp., 1829, p. 417).
Prononc. : []. Durée demi-longue ds PASSY 1914, longue ds BARBEAU-RODHE 1930. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1223 goudale « sorte de bière » (G. DE COINCI, Miracles de la Vierge, éd. V. F. Kœnig, II Dout. 34, 2097); b) 1568 goudaille « id. » (Ord. sur la franche foire de Audruick ds GDF.); 2. a) 1650 faire godaille « se livrer à une débauche de table et de boisson » (Mazarinades II, p. 158 ds F. BAR, Le Genre burlesque en France au XVIIe s., Paris, éd. d'Artrey, 1960, p. 30); b) 1808 « débauche de table » (HAUTEL). 1 est empr. du m. néerl. goed ale, goedale proprement « bonne bière » avec substitution du suff. péj. -aille* à la finale -ale (supra 1 b) qui est encore vivante dans les parlers région. (cf. St Pol , Metz godâle ds FEW t. 15, 1, p. 12b); 2 peut-être dér. régressif de godailler* au sens élargi de « riboter, boire et manger avec excès » ou continuation de 1 avec contamination sém. de gogaille*. Bbg. DAUZAT Ling. fr. 1946, p. 159. - MIGL. 1968 [1927], p. 194.
Ah voilà de la belle étymologie, en alliant les sens de GODAILLER et GODAILLE, on en arrive au sens le plus proche de LA GRANDE BOUFFE (LA GRANDE GODAILLE). L'alliance entre Brillat Savarin, Bugatti, Boileau, et le libertinage le plus osé. Olé Olé, par Odin, cette langue est du nouveau français. VIVE LA GODAILLE.
Votre réputation n'est plus à faire, braconnier godailleur que vous êtes!
Gamin "I love godaille" Rary
(bonne idée pour un tshirt)
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