03 janvier 2008

"Petite valse de Vienne" de Federico Garcia Lorca

























À Vienne, il y a dix jeunes filles
Et la mort qui geint sur une épaule
Un arbre aux colombes pendues
Et un fragment de l’aube
Une galerie aux mille fenêtres
Dans le musée des rimes

La la la, li la la...
Prends cette valse mon amour et serre les dents

Cette valse, valse, valse et valse
Oui, c’est la mort et le cognac
Qui s’écoule lentement vers la mer
Je t’aime, je t’aime et te désire
Avec cette chaise et ton livre des morts
Dans le couloir de la mélancolie
L’obscur vestibule conduisant au Lys
De notre chambre aux amours lunaires

La la la, li la la...
Prends cette valse mon amour et serre les dents

À Vienne, il y a quatre miroirs
Aux échos de ton chant
Une joueuse éthérée au piano
Des jeunes hommes au sang bleu
Des mendiants dans les combles
Et des pleurs de cristal

La la la, li la la...
Prends cette valse mon amour et serre les dents

Parce que je t’aime et te désire
Pendant que les enfants jouent
Sous les vieilles armoiries de Hongrie
Moutons noirs et édelweiss
Sous le silence obscur de ton front

La la la, li la la...
Prends cette valse mon amour et serre les dents

La valse de Vienne ne s’arrête jamais
Sous les embruns de ton masque
Inondant les rives et les jacinthes d’eau
Alors, je retire ma bouche d’entre tes cuisses
Mon âme est un nénufar photosensible
Dans les soubresauts étranges de ta chute
Je vais partir mon amour, mon tendre amour
Et je pleure les violons d’outre-tombe
Et l’écho de ta valse.

(Traduit et adapté de l'espagnol par Tristan Ranx 2008)


















Federico Garcia Lorca


La version interprétée par Léonard Cohen: Voici une traduction du poème de Lorca "totalement" différente de la mienne..La raison en est simple la plupart des traductions françaises se font aujourd'hui à partir de la traduction anglaise de Léonard Cohen, et non pas à partir du poème en espagnol de Lorca....


Cette interprétation de Léonard Cohen n'est pas mauvaise en elle même, mais elle gomme le caractère sexuel du poème de Lorca...


2 commentaires:

Anonyme a dit…

Excellente votre traduction... en fait, le texte de Cohen est «librement inspiré» de celui de Lorca.
Ici

http://www.webheights.net/speakingcohen/waltz.htm

on voit très bien les différences.

Charly Bouchara

Anonyme a dit…

j'ai toujours aimé écouter encore et encore cette chanson étrange, qui me semblait mêler l'amour à la mort. mais trop difficile pour moi de la comprendre. J'ignorais qu'elle était inspirée de Garcia Lorca. Je découvre à l'instant ce poème et votre traduction m'offre les délices des mots.
merci!