10 mai 2008

La seconde révolution française ?















Une seconde révolution française est-elle possible ? La question en elle-même à le mérite d'ouvrir un nouveau champ de possibilité sur le concept même de révolution. Ainsi, une révolution est toujours une réaction face à des présupposés ou des postulats considérés comme faisant parti du domaine de l'indépassable ou du sacré. La première révolution française était idéologiquement contre la féodalité, la monarchie de droit divin et l'Église. Elle opposait à l'Ancien Régime, le Peuple, la République et le Droit naturel. L'universalisme kantien devint très rapidement un effet particulièrement puissant de cette révolution dans le cadre de l'application du droit naturel à travers le code civil et le concept des droits de l'homme et du citoyen. Nous vivons aujourd'hui dans un monde né de la révolution française. Pour certains, la question d'une seconde révolution française ne se pose donc pas puisque les postulats de l'universalisme sont devenus indépassables et « sacrés ». Nous nous doutons bien cependant que c'est « ici » que se situe la problématique d'une seconde révolution… La question est donc de savoir si une « révolution » à l'encontre des nouvelles sphères du sacré est irrémédiablement un pas en arrière vers l'Ancien régime? La seconde révolution, considérée dans ce cas de figure, comme une force « réactionnaire » revenant à son point de départ à la manière d'un jeu à somme nulle ! C'est ici qu'entre en jeu la crypto-idéologie du Système qui considère que l'histoire ou la fin de l'histoire est un jeu de l'oie essentiellement fini dont toute tentative révolutionnaire ne serait qu'un obscurantisme ! Les causes différentes ne produisant pas les mêmes effets, Jonas Salk avait démontré que certaines valeurs considérées comme positive lors d'une période A, pouvaient devenir négatives lors d'une période B… Constatons que ce que nous considérons aujourd'hui comme des valeurs positives, ne sont peut être en fin de compte que de nouvelles valeurs négatives produisant des effets désastreux. Aujourd’hui, le nouveau champ du sacré englobe ainsi l'universalisme et la mondialisation mais aussi de nouvelles formes de religiosité comme l'écologie, les droits de l'homme, l'Onu, l'humanitaire. Il faut cependant préciser que l'acte écologique individuel n'est pas considéré comme une posture négative, mais que nous devons le discriminer par rapport aux grandes fatwas politiques et économiques. Il existe évidemment un changement fondamental d'échelle de valeurs. La prière du Croyant, par exemple, ne peut évidemment pas être mise au même niveau que les procès de l'inquisition ! La question que nous devons nous poser est donc toujours celle ci : à partir de quel moment un acte bénéfique peut se transformer en opium du peuple ou en totalitarisme ? Ainsi, la gymnastique, les tractions et les quelques pompes que vous pratiquez chez vous sont bien sûr bénéfiques, mais qu'en est-il quand cette même gymnastique devient un phénomène de masse, obligatoire et propagé par les services de la propagande étatique ou les médias ? Il en est de même de l'universalisme, de l'écologie, mais aussi de l'éducation, de l'alimentation etc. et d'autres sphères dont l'homme « révolutionnaire » n'a apparemment pas le droit de contester la légitimité… C'est pourtant dans cette sphère interdite, que l'on peut appeler dissidente, que se situe, d'une manière complexe, les racines possibles d'une seconde révolution française. Un comportement révolutionnaire consiste donc aujourd'hui à s'opposer dialectiquement aux nouvelles définitions du sacré, en leur opposant des concepts antagonistes qui ne sont pas un retour en arrière, mais la mise en place de nouveaux territoires. En reprenant les définitions deleuziennes, disons que la révolution est d'abord une machine de guerre nomade qui déborde des limes de l'Empire Mondial. S'opposer à la mondialisation d'une manière révolutionnaire, ce n'est pas faire de l'altermondialisme, mais reconsidérer sous une nouvelle forme les relations entre les individus dans nos sociétés. Les cellules amicales, fraternelles et le concept de réseau, peuvent ainsi s'opposer au concept universel de la mondialisation et des grands organismes supranationaux. Dans un monde devenu un grand marché multinational ou la notion de fair play économiques n'existe pas, les cellules de base de la sociabilité ont aujourd'hui une légitimité qui s'appuie sur le respect, l'entraide, la démocratie naturelle (celle d'un groupe d'amis), la liberté d'expression, la créativité et l'audace. Être révolutionnaire, c'est d'abord se poser la question de la survie de son mode vie, et de lutter pour que chaque cellule en contact avec nous, acquière une autonomie, et une résistance aux effets délétères. Il est bien évident que tout ce qui s'oppose aux réseaux ou micro réseaux, doit être combattu de la même manière que les révolutionnaires s'opposaient au féodalisme. Certains y verront le retour à un « nouveau féodalisme », considérant les cellules en réseau comme une nouvelle forme aristocratique assimilée à la nétocratie ! Mais de nouvelles causes produisant de nouveaux effets, ce retour aux cellules, au groupe ou à la bande « féodale » n'a plus rien à voir avec la théorie des trois ordres de l'occident médiéval. Il s'agit simplement d'un système négatif en période A, dont le modèle d'organisation devient positif en période B, tout en se transformant en un nouveau concept d'organisation. Ceci étant posé, la question de la seconde révolution française n'apparaît donc pas comme un anachronisme, mais la véritable question du droit naturel au XXIe siècle.


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