11 janvier 2007

Odi profanum vulgus et arceo






















Mon dernier post était un NEC PLUS ULTRA. Plus rien au delà... Effectivement, on ne peut plus étirer le post report de telle manière qu’il ne ressemble plus à rien, que les prémisses se perdent dans la forêt du sens, que les directions se brouillent, et que le temps et l’espace se trouvent mis a plat comme un buffet froid... On doit mettre cette expérimentation absurde sous l’effet d’un lapsus calami, un glissement de plume... Où doit-on dire désormais un « lapsus blogi ? ». D.H. Lawrence, avec son charme roublard de parasite mondain et son esthétisme de sale gosse, expliquait à sa manière pourquoi les futuristes allaient trop loin :

« C’est une réaction contre le sentiment ridicule et l’attachement aux traditions et à ce qui spirituellement, est mort. C’est pourquoi je l’aime. Je les aime lorsqu’ils disent à l’enfant : « Si tu veux détruire les nids et tourmenter les chats, c’est bien, mais fais-le avec ardeur. » Mais je me réserve le droit de répondre : « c’est bien, essaye, mais si je t’attrape, tu seras rossé. » (Italie, 2 juin 1914)

Pour ceux qui se méprennent, j’ajoute que détruire les nids et faire du mal aux chats, est une « métaphore ». Remplacez nids et chats par ce que vous voulez et vous vous direz, mais oui bien sûr. Une métaphore ? Pas si sûr...A dix ans, avec un pistolet à air comprimé, j’ai visé un moineau sur un fil électrique à 30 mètres. Je ne m’attendais pas à le toucher. Le piupiu est mort sur le coup d’une balle dans la tête. Je n’ai plus jamais recommencé, mais je suis toujours resté un bon tireur. C’est ça l’ardeur, le geste infantile, la bravoure inutile, et ça devient vite le romantisme sur fond noir. C’est aussi le donquichottisme et le donjuanisme de la civilisation occidentale. On a beau vous dire le contraire, mais ni Rabelais, ni Villon, ni Shakespeare, sans parler de Dumas, Strindberg, Hamsun ou Pouchkine, n’étaient des parangons du tout sécuritaire... Dans le galion de la culture, le code pénal a le mal de mer et les oiseaux morts tombent par millier. Parfois, et c’est joli à voir, un poète se prend pour un albatros, et il est abattu comme un chien errant dans les rues d’Abilène. C’est Rimbaud qui se fait scier la jambe, ou Verlaine, clochard, qui demande un bock de bière et du lard à ses admirateurs... Mais comme le disait le grand Brillat-Savarin le plus illustre des gastronomes français:

« Prenez par le bec un petit oiseau bien gras, saupoudrez-le d'un peu de sel, ôtez-en le gésier, enfoncez-le adroitement dans votre bouche, mordez et tranchez tout près de vos doigts et mâchez vivement : il en résultera un suc assez abondant pour envelopper tout l'organe, et vous goûterez un plaisir inconnu au vulgaire : Odi profanum vulgus et arceo. (« Je hais le vulgaire profane et je l'écarte » (HORACE, liv. III, ode I, vers 1). :

Le tir aux pigeons avec Denis Robert...


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