25 mars 2008

Littérature : les Solaniens et les neo Baroques


















Depuis quelques années la question se pose de la lutte entre deux écoles littéraires, la première, celle des Solaniens, est une véritable citadelle liée à la vieille tradition de la dépression et du spleen. Dans cette catégorie, nous comptons des écrivains aussi différents que Christine Angot et Michel Houellebecq qui se retrouvent idéologiquement proche des conceptions eschatologiques de Valérie Solanas sur le féminisme postmoderne (et ses dérives totalitaires). L'autre école, au contraire, plus minoritaire, prend acte de l'incomplétude du projet moderne mais aussi du cul-de-sac ironique du postmodernisme. Cette école que l'on nomme Baroque ou neo baroque est représentée en France par Patrick Grainville, Johnatan Littell et Eric Reinhardt (voir Technikart hors série littérature 2008). Le terme de baroque symbolise une littérature qui utilise consciemment les antagonismes modernité/postmodernité : Symbolisme/Dadaïsme, Devoir/Jeu, Hiérarchie/Anarchie, Racine/Rhizome etc... L'appropriation moderne et postmoderne par la littérature baroque n'est possible que parce qu'elle est essentiellement une réaction prévoltairienne, c’est-à-dire qu'elle refuse le pessimisme d'un progrès réservé aux puissants, aux Lumières, aux État nationaux ou supranationaux. La littérature baroque, c'est la revanche de Candide au pays des multinationales. C'est le retour du geste sur la planification, la volonté de croire en l'imprévu, et de réinventer l'homme du pothos, l'homme capable de l'impossible. Bien sûr, ce retour de l'optimisme au cœur de la littérature peut être inquiétant, aussi inquiétant qu'un Pangloss qui danse dans les ruines de Lisbonne en 1755... Le livre de Littell, dont le titre les Bienveillantes, renvoi aussi à l'apaisement final des furies, fait donc preuve d'un optimisme dérangeant par-delà le bien et le mal. Ainsi, les 60 000 morts de Lisbonne en 1755, marquent pour Voltaire, l'arrêt de l'optimisme triomphant caractérisé par Christophe Colomb et l'invention de l'Amérique. Après voltaire, l'utopie est morte, et l'histoire comme une belle mécanique temporelle rejoindra les automates biologiques de Descartes et l'homme débarrassé des passions, c'est-à-dire l’homme nouveau rêvé par les totalitarismes. L'optimisme baroque, au contraire, est un pied de nez à la fatalité, d'où le retour de la farce et du roman picaresque dans l'œuvre de Littell. Victor Hugo dans les Misérables était lui aussi revenu au picaresque avec les paroles de la chanson potache “ je suis tombé par terre c'est la faute à Voltaire”, rengaine populaire qui porte l'optimisme au seuil de la tragédie. Victor Hugo, romancier fondamentalement baroque, trouve ainsi en quelques mots la réfutation définitive au brillant conte de Voltaire. Lorsque Gavroche tombe sous les balles, c'est Candide qui se relève, c'est l'enfant au tambour qui avance à Valmy, c'est l'enfant au pistolet de Delacroix, l'enfant survivant du siège de Magdebourg, la volonté folle de Colomb, les rêves de Marco Polo... Les neo baroques ne peuvent donc éluder ni le drame ni la mémoire, ils la vivent dans leur chair baroque ou picaresque, retrouvant cette volonté de vivre, cet amour du mouvement, et cet optimisme qui déchire les fils barbelés et les cloisons étanches de la fin des temps.


1 commentaire:

Der Kommissar a dit…

dontstopdontstopdontstopdontstopdontstopdontstopdontstopdontstopdontstopdontstopdontstopdontstopdontstopdontstopdontstopdontstopdontstopdontstopdontstopdontstopdontstopdontstopdontstopdontstopdontstopdontstopdontstopdontstopdontstopdontstopdontstopdontstopdontstopdontstopdontstopdontstopdontstop