26 juin 2006

"Je suis la mode" : Chasse au grand fauve à la BANK


















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Je débouche à Château d’eau au milieu des perruquiers
blacks et des « salons de thé » à l’exotisme digne de la gare de Tirana. Je trouve enfin la rue Martel en enfilade du côté d’une ancienne planque de Jacques Mesrine. L’agence de pub Cospirit & Media Track est sise dans un bâtiment industriel XIXe siècle de type patio intérieur avec grande verrière. Pochetronik est déjà dans la place et me conduit illico devant une photo du photographe Julien Taylor. Nous nous précipitons sur l’hôtesse.

-Madame, Julien Taylor est-il ici ?

-Vous pourrez le trouver à la porte messieurs

Mince, c’était le portier, nous étions passé devant lui tout à l’heure. Nous trouvons enfin notre photographe.

-Vous êtes Julien Taylor?

-C’est moi !

Ah monsieur... Désignant alors Pochetronik qui arbore son meilleur profil, je lui dis :

-Pochetronik est sur votre photo ! »

-Non ?

- Si !

-Ah c’est trop fort, montrez moi ça !

Nous conduisons l’artiste devant son oeuvre.

- Là, le grand, tout à droite. C’est lui ! ».

Le photographe se tourne vers ce profil aquilin reconnaissable entre mille...

-Ah oui, vous avez raison, c’est lui ! »

-A côté, c’est ma copine... précise le modèle vivant.

Andy Warhol peut se retourner dans sa tombe sept fois de suite, son petit quart d’heure américain sent le passéisme à plein nez. L’homo sapiens est entré dans l’ère simultanéiste, et à force d’être partout, il est finalement partout. On vogue en pleine tautologie. Ce photographe néo futuriste nyctalope, dans la grande lignée de E.J. Marey à réussit le tour de force de photographier l’impossible : une dérive noctambule de chien de guerre à l’ouverture du Grand Palais. Nous sommes certainement les seuls critiques à pouvoir mettre en avant cette synchronicité. Ce soir, nous sommes à l’avant-garde, et bien décidés à le rester, cette nuit en tout cas... Je continue à pied vers la place Clichy en remontant la rue d’Abbeville, toujours horrifié devant les monstrueuses cariatides femmes catcheuses d’un immeuble à fantasmes bourgeois. Moawane Team et Poliakov font déjà le pied de grue sur le trottoir. C’est vernissage fringue... Je feuillette un petit magazine hype avec un article sur Alester Crowley. J’ai comme un pressentiment que le mage noir de Cefallu ne va pas nous lâcher ce soir... Je découvre aussi que le capitalisme s’adapte aux Open Bar avec rapidité. Après la mini Heineken, voici la petite boule de whisky. Ça ressemble à un oeil de mouton. Chacun sa dose. Les capitalistes deviendraient-ils des dealers de mini doses comme le pressentait Chuck Palaniuk ? On the road. On glisse vers l’Opéra en devisant sur Eisenstein. Ça nous change du ciné américain et ses brochures touristiques Da Vinci et Marie Antoinette...

Nous voici enfin au Squat quatre étoiles BANK, à côté de l’hôtel Hyatt, à deux pas de la prestigieuse place Vendôme. Le festival de mode jeunes créateurs sent la hype et le Chanel N° 5, mais il y aussi une belle odeur de souffre derrière tout ça. On se balade en touristes dans les étages. C’est beau comme le palais Danieli de Venise. On croise du beau monde, des couples bobos, quelques faisceaux de hypeuses devant l’ascenseur, une fée rouge aux ballons avec un zébulon sapé métropolitain qui surgit dans mon objectif, une bimbo en portes jarretelles coincée en mode pause. Soudain je tombe nez à dos sur Face Hunter, j’ai enfin ma cible émergeante. J’étudie ma proie. Celle ci à un contrôle total de son image. Born to be hype. J’attends le moment propice, le relâchement, l’espace indéterminé entre deux mouvements. Chasseur blanc, coeur noir. Selon les théories de Meyerhold présentées par Eisenstein, la loi du mouvement est soumise à un découpage très précis d’attitudes, d’arabesques et de raccourcis. Une attitude est une position qui se suffit à elle même, sans finalité, c’est la spécialisation de la hype fashion ; l’arabesque est une position qui initie un mouvement. Les comédiens acteurs et politiciens sont souvent dans le mode de l’arabesque qui est aussi « simulacre ». Quand au raccourci, c’est un mouvement intermédiaire entre deux positions. C’est l'espace de la mutation des formes et de l’expressivité totale. Ainsi Noureïev n’était il pas un danseur étoiles pour ses attitudes et ses arabesques, mais pour ses raccourcis... C’est là le domaine de l’art, c’est aussi dans le raccourci que l’homme dévoile son vrai visage... Ce soir j’ai décidé de traquer Face hunter. C’est la chasse au grand fauve. J’utilise mon Olympus µ700 comme un sabre laser. Une arme gibsonienne à base d’information et de contrôle neuromusculaire. Un appareil photo numérique en configuration nanochevik est très proche du combat au couteau. J’utilise à ce titre les méthodes d’attaque à la navaja de l’école sévillane : a viaje, a mojada, a desjarretazzo, a floretazo. J’ai en outre adapté des techniques philippines du Kalis Illustrisimo, en attaquant de manière angulaire. Chasser la hype nécessite un véritable entraînement physique et un conditionnement mental adapté. Face hunter va défiler avec d’autres mannequins, il sera donc à la fois exposé mais aussi protégé par les autres intervenants. Comme il s’agit d’un happening, il va falloir que je me focalise sur les moments forts de l’expérience. Comme je m’y attendais le défilé ne tarde pas à dégénérer lorsqu’un mannequin armé d’un couteau à cran d’arrêt commence à découper la robe d’une fille vidéaste.


L’arme blanche scintille. Je suis dans mon univers. J’accompagne le mouvement. J’étudie le style. Nous sommes rapidement dans l’orgiaque. A côté de moi, deux esthètes, figés dans un orgueil hiératique, savourent intérieurement le réveil de la Kundalini. Les vêtements volent et s’arrachent, les corps et les esprits vacillent. Une chanteuse islandaise aux formes généreuses lance ses arpèges hyperboréens. Face Hunter ressemble toujours à un joli garçon un peu stone. Je ne me laisse pas abuser par le camouflage. Tout autour de lui, les jambes s’écartent comme lors d’une cérémonie orchestrée par des bacchantes lubriques. Les femmes dénudées prennent des attitudes lascives ou survoltées, sont prises de soubresauts démoniques, les reins propulsés par des saltos délirants. Je ne pense pas que Face Hunter puisse résister longtemps au déferlement d’énergie. Il s’approche. Son visage se déforme. Un cas de possession ? Je fixe un poltergeist , mais je n’ai pas encore mon coup de grâce. Je suis à distance. Je n’ai qu’une chance sur un million mais je suis prêt. Ne pas penser : être. Ça y est Face Hunter est dans mon cercle de mort. Le sentiment du fer. Je porte mon estocade. Consolamentum. Je capture le visage de Face Hunter... C’est celui d’Yvan le Terrible ». Merci Eisenstein.


















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Je suis bientôt chez les aristopunks du BbQ electro ; Tout Autour de moi, par delà les apparences, un monde étrange évolue, un monde de créatures mi anges midémons. Moawane, Poliakov, Franck Knigth, le (Kh)orsaire noir. Final cut. Retour à Cayenne. Je suis un Papillon...Libre ?


1 commentaire:

Anonyme a dit…

Face hunter, le chasseur de tête des soirées parisennes, chassé comme un Grand Fauve Humain au millieu des fesses et des pallettes...C'est fendards. Closer et Voici peuvent prendre leur retraite. On dirait que certains n'ont plus besoin de la hype pour s'amuser. Face hunter, Ranx, Poliakov, stop talking, la BANK, le SDH, les tribus et tous les enfants de la nuit, jouent à un grand JDrôle sur les terres de la hype... Le pire c'est que la hype est morte étouffée par sa propre image. Mon dieu, qu'est-ce qu'ils doivent se faire chier depuis que des corsaires leur ont piqué leur " château d'amour"...