Soirée Philip K. Dick à l’OPA, ça manquait un peu de buvard pour éponger la bière et les fulgurances monotones du Maître du Haut Château.
Malade comme un chien de toute façon, je traîne ma carcasse et un regard morne sous l’oeil de Big Brother. Poliakov Pochetronik, commissaire du peuple, arrive pour un contrôle sound system. Il arbore comme badge un jeton de casino du plus bel effet capitaliste. Certainement plus Amon Tobin que Taxe Tobin. Il s’acharne sur une pinte comme un luddite sur un tracteur. Nous regardons alors, éberlués, un court métrage dans le plus pur style « humour finlandais ». Un cosmonaute monte dans son engin Vostok 1, un vieux taco soviétique monté sur tréteaux et sensé l’emmener sur la planète rouge. En guise de propulseur : un feu de Bengale sous le capot. Le type se sauve avant que la voiture n’explose. Petit budget...Elle n’explose pas.
Poliakov me demande si Guido Keller à vraiment existé ? Affirmatif Poliakov, le sadhu à l’aéroplane est un VRAI personnage historique ! J’en profite pour lui raconter une anecdote, mais comme je n’aime pas me répéter à un jour d’intervalle en voici une autre. Le jeune baron Guido Keller von Kellerer, italien d’origine helvétique, passe son brevet de pilote fin 1914. Il fonde aussitôt la mystérieuse « Société des amis du poil » avec les membres de sa patrouille, dont le rite principal consiste à se couper les cheveux en altitude et à les répandre du haut du ciel. Il faut dire que les pilotes de la première guerre mondiale consommaient de grandes quantités de cocaïne, ce qui leur donnait des idées assez excentriques...
Je cite le post report de Guido Keller sur le bombardement du parlement, paru dans son journal Yoga.(1920)
« Hier vers midi, on a vu voler à basse altitude dans le ciel de Rome un aéroplane, qui traversa le ciel au-dessus de la piazza Montecitorio et qui laissa tomber un paquet (...) La cible était évidemment la place, mais le paquet alla finir sur le toît de l’Hôtel Milan. A ce moment là étaient réunis près du portail de Montecitorio différents députés et journalistes, qui donnèrent l’alarme. On crut tout d’abord à une bombe, mais puisque, au moment du heurt sur le sol, on n’entendit qu’un bruit sourd et aucune explosion ne se produisit, on pensa que ce devait être autre chose. (...) De fait, un membre du personnel de l’hôtel étant monté sur le toit et s’étant approché avec précaution du paquet tombé du ciel, ne tarda pas à s’apercevoir qu’il ne s’agissait pas d’une bombe, mais d’un objet que l’on place habituellement dans les tables de nuit, un peu plus grand que d’ordinaire, en fer émaillé, avec un ruban rouge noué au manche. A l’intérieur, fermé par des rubans, il y avait une botte de carottes jaunes et une botte de navets. Au ruban rouge était attaché un bout de papier replié avec cette adresse : « Au parlement italien, en mains propres » et à l’intérieur du pli il était écrit « Guido Keller, aile action dans la splendeur, donne au parlement et au gouvernement qui se maintiennent depuis longtemps par le mensonge et par la peur, la tangibilité allégorique de leur valeur. Rome, 14 e jour du troisième mois de la régence »
L’intérêt porté à Guido Keller, me conduit naturellement à envisager un texte sur ce personnage que les lecteurs de ce nanochevik seront les premiers à découvrir... Après mes portraits de Cravan, José Rizal, Christian Priber, Augustin Le Prince, et du Capitaine Brunet ( les 3 derniers dans la « revue Supérieur Inconnu »), je pense sérieusement à réunir ces textes à l’intérieur d’un même ouvrage comme me l’a conseillé Sarane Alexandrian. Avis aux éditeurs. Mais tout ceci n'a pas vraiment d'importance...
En attendant, au travail !
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